Vesc, éléments d’histoire patrimoniale
Une occupation humaine dès le néolithique ?
Deux mentions archéologiques permettent de penser que l’actuelle commune de Vesc fut occupée depuis le néolithique.
D’une part, l’étude faite par une équipe archéologique en 1970 sur d’anciennes traces d’occupation humaine (restes humains d’une trentaine d’individus, des silex, de la poterie usuelle) datées de 4000 ans av. JC. D’autre part, l’existence d’une série d’objets datés entre l’âge du fer et l’antiquité tardive ont été également retrouvés à la limite sud-ouest de la commune.
Mais à ce jour nos connaissances sont trop lacunaires pour la période antique et le premier moyen âge pour affirmer l’existence d’un village à ces périodes.
Ce n’est vraiment qu’à partir du XIIème s. que l’histoire de Vesc apparaît plus clairement, grâce à l’existence d’archives et de textes et à l’archéologie.

Vesc, le château féodal
C’est la période féodale qui structure fortement l’habitat groupé autour de deux lieux fortifiés ou castra, Vesc et la Penne, alors qu’à la fin du XVe et au début du XVIe siècle émergent des habitats dispersés permanents.
La majeure partie du territoire de la commune actuelle de Vesc est issue de l’ancienne seigneurie de Vesc qui relevait au XIIIe siècle d’Alphonse de Poitiers, comte de Valentinois. Le fief fut très tôt inféodé à la famille de Vesc.
Le siège ancien de la seigneurie aux XIIe-XIIIe siècles se situe au site castral du château de Vesc à l’est de la commune sur une butte située à 746 mètres (site du Châtelas). Le château semble alors contrôler un important passage nord-sud, appelé le « grand chemin » qui, au XIIe siècle, permettait notamment de relier le nord du Comtat à la vallée de la Drôme. Le château est probablement abandonné dès le XIIIe siècle. Aujourd’hui, ne sont visibles que quelques pans de mur du donjon carré et de deux tours rondes de l’enceinte de la basse-cour.
La bâtie, naissance du village actuel
Au cours du temps, la division de la seigneurie de Vesc entre de nombreux coseigneurs, à commencer par les membres de la famille de Vesc, entraîne la création d’un autre site fortifié, à savoir celui de la Bâtie de Vesc, à l’origine du village actuel.
La forme des rues, droites et se coupant à angles droits, ainsi que la présence de fortifications villageoises, laissent en effet penser que le village de Vesc fut organisé au cours du XIIIe ou au début du XIVe siècle.
Le village présente encore des traces de fortifications, les maisons ayant été adossées au mur de fortification (ou barris). L’accès au village se faisait par une unique porte dite de la fontaine dont on devine encore l’emplacement.
À l’intérieur des fortifications, six rues délimitaient trois îlots centraux d’habitations. De nombreuses maisons conservent encore des vestiges d’échoppes et d’ouvertures datées entre la fin du XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle, à un moment où le village était le centre économique du territoire. Parmi les maisons les plus notables, on trouve celle dite de l’apothicaire reconnaissable à son enseigne.
Au cours des XIXe et XXe siècles, le village a connu de profondes modifications, avec une extension au sud et à l’est via la création du bâtiment de la mairie-école et de maisons construites sur les jardins du quartier du Prayon.
Le prieuré saint-pierre et le temple
L’église Saint-Pierre, située en dehors du village, est citée dans les archives depuis le XIIIe siècle. Elle dépend alors de la puissante abbaye de Cruas en Ardèche, fondée par les bénédictins à l’époque carolingienne. Celle-ci se développe considérablement aux XIIe et XIIIe siècles jusqu’à former un réseau de grande ampleur de part et d’autre du Rhône, comptant une trentaine de dépendances dans le Vivarais et le Dauphiné dont Vesc.
L’église romane est construite après le premier quart du XIIe s. en lieu et place d’un premier édifice carolingien dont de multiples pierres sculptées sont toujours visibles sur les façades.
Au regard du style, il est fort probable que sa construction ait été assurée par un atelier de tailleurs de pierre de l’abbaye de Cruas.
À l’origine, l’église est accolée à un prieuré, le tout formant un ensemble clos avec le cimetière. L’édifice est alors plus haut de plusieurs mètres, comme en témoignent les baies bouchées visibles à l’extérieur.
Le portail occidental est l’élément qui retient l’attention du visiteur. Il est en plein cintre et formé de deux voussures séparées par un tore retombant sur deux colonnettes à chapiteaux ornementaux. L’archivolte est décorée de dents d’engrenage.
Au XVIe s., une large frange de la population adopte la réforme, suivant ainsi la conversion d’une partie de la famille de Vesc. Un premier temple dont nous ignorons son emplacement exact est construit à l’intérieur du village, dans la partie nord, à proximité d’une tour. IL aurait été bâti dans la première moitié du XVIIe. s. Un nouveau temple situé dans le village a été construit au début du XIXe siècle, dans les limites de l’ancien village. Il est aujourd’hui propriété privée, l’église Saint Pierre étant désormais un lieu oecuménique.

Le "quartier" de la penne sur vesc
Le territoire de La Penne-sur-Vesc, situé entre Valouse, Teyssières, Montjoux et Vesc était une possession relevant du haut domaine des évêques de Die, mais inféodée aux Vesc depuis le XIIIe siècle. Le site castral était situé le long d’une barre rocheuse qui domine l’actuel « Col de Blanc », sur un site qui s’étageait entre 950 mètres et 970 mètres d’altitude.
La Penne-sur-Vesc disposait d’une chapelle ou église, dédiée à Sainte Marguerite probablement ruinée dès la fin du Moyen Age. La paroisse de La Penne fut unie à celle de Vesc au cours du XVIe siècle. Quant à la commune de Penne sur Vesc, elle est intégrée à la commune de Vesc en 1790.
l'habitat dispersé
Entre le XVIe siècle et le début du XXe siècle, l’habitat de la commune de Vesc se disperse progressivement , à l’instar de ce qu’on peut observer dans d’autres communes. De nombreux quartiers émergent, comme l’attestent les cadastres de 1598 et 1648. Y sont mentionnés déjà les quartiers de Barral, Berthon, Pré du Brusc, Burlon, Chauvas, Clot Archimbaud…
On trouve aussi de véritables hameaux, constitués de plusieurs maisons d’habitation, associées à des bâtiments d’exploitations. Nombre de ces hameaux sont liés à une source située dans les environs immédiats. Parfois, certains hameaux complexes se subdivisent en plusieurs sous-ensembles comme celui de Pracoutel.
Les hameaux concernés sont : Arfoux, Audrans, Candy, Charron, Chastain, Chaussonnier, Cottellier, Fabras, Fregiere, Gareaud, Gourru, Guinard, Jullet, Marinon, Marou, la Nurie, La Pasquare, Paulhet, Pourchon, Pracoutal, Roussin, en Rueys, au Col de Vesc, la Viguiere.
Certains de ces hameaux reprennent des noms de personnes présentes sur le territoire communal ce qui laisse penser qu’ils furent occupés, voire fondés, par les membres de ces familles.
Merci à Alexandre Vernin, chargé de mission du Parc Naturel Régional des Baronnies provençales et à Ombeline d’Aboville, historienne du patrimoine.
Bibliographie indicative :
Guy Barruol, Dauphiné roman, La Pierre qui Vire, 1992, Zodiaque, p. 405
Michèle Bois, Le sud du département de la Drôme entre le Xe et le XIIIe siècle, l’organisation du terroir, fortifications et structures d’habitat, Thèse de doctorat « Histoire et civilisation de l’Antiquité et du Moyen Age, 1993, vol. 3 (Tricastin-Valdaine), pp. 146-147.
Henry Desaye, « Vesc », in La Drôme romane, Taulignan, 1989, Plein-Cintre Editions, p. 82
André Lacroix, « Etat des diocèses de Die et de Valence en 1509 », Bulletin de la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme, tome XVII, 1883, p. 41
André Lacroix, « Une enseigne d’apothicaire à Vesc », Bulletin de la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme, tome XIV, 1880, pp. 409-414.

Merci à Alexandre Vernin, chargé de mission du Parc Naturel Régional des Baronnies provençales et à Ombeline d’Aboville, historienne du patrimoine.
Bibliographie indicative :
Guy Barruol, Dauphiné roman, La Pierre qui Vire, 1992, Zodiaque, p. 405
Michèle Bois, Le sud du département de la Drôme entre le Xe et le XIIIe siècle, l’organisation du terroir, fortifications et structures d’habitat, Thèse de doctorat « Histoire et civilisation de l’Antiquité et du Moyen Age, 1993, vol. 3 (Tricastin-Valdaine), pp. 146-147.
Henry Desaye, « Vesc », in La Drôme romane, Taulignan, 1989, Plein-Cintre Editions, p. 82
André Lacroix, « Etat des diocèses de Die et de Valence en 1509 », Bulletin de la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme, tome XVII, 1883, p. 41
André Lacroix, « Une enseigne d’apothicaire à Vesc », Bulletin de la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme, tome XIV, 1880, pp. 409-414.